Thines, les chemins de la mémoire
La tragédie de Thines Raoul GalataudLorsqu'ils arrivent, le 18 juillet 1943, au hameau de Tastevin, niché au bord du ruisseau, La Thine, en contemplant devant eux l'immensité de la vallée sauvage et tranquille, huit maquisards FTP, qui ont déjà vécu pas mal d'aventures, respirent à pleins poumons ce qui leur apparaît comme l'air de la liberté.Les quelques familles paysannes du hameau et des rares fermes aux alentours considèrent les arrivants comme des jeunes Français qui cherchent à échapper au STO. Cette attitude devenue courante a toute leur sympathie.Des liens amicaux sont vite tissés. La terre sur les pentes arides est ingrate, mais les jardins en terrasse sont bien cultivés et arrosés. Les jeunes réfractaires en quête de ravitaillement ne restent pas les mains vides. Jeunes filles et garçons sympathisent et se rencontrent aux veillées. Le dimanche 1er août après-midi, un bal avec phonographe est même organisé sur la terrasse de la maison où logent les maquisards.Ils sont huit seulement. Et pourtant les forces d'oppression n'hésitent pas à employer les grands moyens pour s'emparer d'eux et sans doute aussi pour terroriser la vallée.Le 4 août avant le jour, plus de 100 soldats de la Wehrmacht, armés jusqu'aux dents, se déploient autour du hameau et bloquent sur les chemins les villageois des fermes voisines. Certains sont malmenés et interrogés. Toute la paisible population fait connaissance avec la guerre en ce "bout du monde" : tirs de mitrailleuses lourdes, jets de grenades incendiaires, fenils et maisons qui brûlent... Quatre heures de cauchemar !